
Ces questions que je suis tannée d’entendre
Petit article un peu différent pour aujourd’hui. Ça fait 10 mois que je suis au Québec et quand j’ai de la famille ou des amis français au téléphone (ou par message), on me pose souvent les mêmes questions… Dont certaines que je commence à trouver un peu stupides avec le temps (mais je vous aime quand même hein !). Alors je vous propose un petit florilège des questions que je suis un peu tannée d’entendre. Vous êtes prêts ? C’est parti !
C’est pas un peu dur d’être loin de chez toi ?
Mais quelle question ! Bien sûr que c’est difficile d’être loin de chez soi, surtout à plus 5 900 kms. Et je dirais qu’en ce moment ça l’est plus parce qu’avec la crise sanitaire il n’y a plus d’avion direct entre Montréal et la France et ne pas savoir quand tu vas pouvoir rentrer chez toi pour voir ta famille c’est dur. Mais d’un autre coté, partir au Canada c’est vraiment une expérience fabuleuse et je ne regrette absolument pas mon choix. J’ai la chance de vivre en coloc avec des gens que j’apprécie et je ne me sens pas seule, donc la distance est vraiment supportable. En général, cette question vient aussi avec « Ta famille te manque pas trop ? ». Là aussi la réponse est évidente. On s’appelle très souvent et ma maman me passe même mon chat en facetime donc tout va bien.
Alors tu comprends quelque chose quand les Québécois te parlent (haha tabernacle) ?
Faut arrêter avec ce mythe que le français québécois est incompréhensible ! Je comprends très bien la plupart des québécois et si il y a un mot ou une expression que je ne comprends pas je n’hésite pas à demander ce que ça signifie. La seule fois où j’ai vraiment pas compris un québécois, c’était à la régie d’un des bâtiments de l’UdeM où le gars m’a fait une blague et où je n’ai pas compris un traître mot de ce qu’il essayait de me dire. Ma copine canadienne non plus n’a pas compris ce qu’il disait donc bon. Faut savoir aussi que c’est comme l’accent du Sud de la France, les Québécois ont un accent différent dépendamment de la région d’où ils viennent. Et pitié arrêtez de me balancer des « tabernacle » : criss vous savez pas le prononcer correctement ! (Mais vous pouvez aller voir mon lexique pour avoir une idée de la prononciation de ce mot).
Est-ce que t’as pris l’accent ?
La réponse est non ! Par contre j’ai pris (un peu) la façon de parler et les expressions. Ma maman peut vous le confirmer parce qu’elle m’en a fait la remarque lors des fêtes de fin d’année quand on est parti faire des courses. C’est pas comme à Toulouse où j’avais un accent hybride mi-savoyard, mi-toulousain. Je pense que je n’aurai jamais l’accent québécois même si je restais 10 ans ici. Déso hein !
Et quand c’est pas celle-là, c’est « vas-y parle-moi en québécois » ? Ouai en gros vous voulez que je vous parle français quoi.
T’as des copains québécois ?
Je sais que c’est pas forcément obvious vu que j’habite au Québec hein, mais oui j’ai des copains québécois ! Pas des tonnes non plus mais j’en ai. Pis faut dire aussi que Montréal est une ville très cosmopolite et que l’université accueille beaucoup d’étudiants étrangers, donc il y a un vrai bouillon de gens venant de partout dans le monde. Mais je dirais que majoritairement, mes amis ici sont québécois et français. J’avoue que j’ai du mal à comprendre l’utilité de cette question, c’est un peu comme si je demandais à quelqu’un qui déménageait à Caen s’il s’est fait des amis normands.
Tu parles beaucoup anglais ?
Étant donné que je suis dans le Canada francophone non. Je parle anglais quand je vais commander une pizza à coté de chez moi parce que les dudes qui tiennent la boutique parlent pas un mot de français. D’ailleurs c’est assez régulier à Montréal que dans les fastfoods et les petits commerçants les personnes ne parlent qu’une seule langue et c’est généralement l’anglais. Mais sachez que mon cerveau est capable de passer très rapidement du français à l’anglais. Après la plupart du catalogue Netflix Canada n’a même pas les sous-titres en français donc de l’anglais j’en bouffe quand même. Et puis de temps en temps, je vais aussi acheter des livres en anglais vu qu’ils sont beaucoup plus faciles à trouver en librairie que chez nous.
Tu as le temps de sortir de Montréal et de découvrir un peu le pays ?
Avec les cours je suis très occupée… Mais si vous suivez le blog depuis le début, vous avez sans doute vu que je suis allée randonner à la Montagne Noire, au Mont Tremblant ou encore visiter Québec et Ottawa. Donc oui je sors un peu de la ville, pas autant que je le souhaiterai, mais je sors. Et puis ça serait dommage quand on habite dans un nouveau pays de pas le découvrir, non ? Bon pas certaine que j’aille jusqu’en Alberta mais cet été je vais avoir du temps pour visiter. J’aimerai bien me faire un petit weekend à Toronto et aller faire d’autres randos au Québec.
Tu les vois bien les baleines à Montréal ?
J’avoue que je ne sais pas bien d’où peut venir cette question, mais à chaque fois ça me tue… Montréal c’est pas au bord de la mer et les baleines remontent pas le Saint Laurent aussi loin ! Si je veux en voir faut aller à Tadoussac, là où il y a le Centre d’interprétation des mammifères marins. C’est à plus de 5h en voiture de Montréal. Donc en principe on ne voit pas de baleine à Montréal… quoi que.
Il fait pas trop froid l’hiver ?
La deuxième question qui revient le plus après « C’est pas trop dur d’être loin de chez toi ? ». Un autre beau mythe sur le Canada ! En général cette question vient avec « Je suis trop frileux.se, je pourrais tellement pas vivre là-bas ! ». Bien sûr qu’il fait froid l’hiver, mais l’important c’est d’avoir de bonnes couches, un bon manteau, des bonnes bottes et le combo bonnet/gants/grosse écharpe. Donc je vous assure qu’en tant que grande frileuse, j’y ai quand même bien survécu. Et puis l’hiver c’est quand même super chouette parce qu’on peut aller faire plein d’activités comme du patin à glace. La seule chose qui m’a un peu déprimé c’était d’avoir de la neige aussi longtemps.
Alors t’as toujours pas rencontré un beau canadien/québécois ?
C’est quoi cette obsession ?! Vous m’avez fait le coup quand je suis partie à Toulouse et j’ai pas ramené de rugbyman à la maison. Je peux très bien faire ma vie ici sans rencontrer de canadien hockeyeur qui porte de belles chemises à carreaux en flanelle nan mais oh ! D’ailleurs vous me faites rire avec cette question parce qu’en général, ça vient avec « Je pourrai trop pas avec l’accent, je serai tout le temps morte de rire ». Aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne rigole pas dès qu’un québécois ouvre la bouche. Ma vie au Québec c’est pas Occupation Double, je suis pas là pour rencontrer l’amour… Je suis là pour finir mes études et découvrir un nouveau pays, tout le reste c’est du bonus, alors sans rancune !
T’as vu des Indiens ?
Alors on va mettre le holà tout de suite, faut arrêter avec le mot « indien » ! Si y’a une chose que j’ai apprise ici, c’est que c’est un terme péjoratif. On va plutôt parler de communautés autochtones, mais le must c’est de dire Premières Nations, Métis et Inuit ou de donner directement le nom de la nation en question. J’ai eu le plaisir de rencontrer dans le cadre de mes études Jonathan Lainey, un conservateur de musée issu de la nation Huronne-Wendat. Il est d’ailleurs le premier conservateur autochtone engagé par le Musée McCord et on lui doit aussi la nouvelle galerie de l’histoire canadienne au Musée canadien de l’Histoire à Gatineau.
T’as mangé ce plat chelou avec les frites et la sauce dessus ?
Vous êtes beaucoup à me parler de la poutine. Bien évidemment que j’en ai mangé ! C’est pas mon truc préféré mais faut dire que c’est un plat bien réconfortant. Et puis je suis une fan du fromage en grain qu’il y a dessus alors bon. Je dis jamais non à une petite poutine, surtout si c’est une poutiflette du Brouhaha ou une matty de la Banquise.
Ça te manque pas trop le fromage/la bouffe française ?
La bouffe pas tant que ça. Comme je cuisine quand même pas mal, je refais des plats de la maison quand j’ai un petit coup de mou, ou alors je paye une fortune pour un pot de rillettes porc et canard. Même si les produits ne sont pas tout à fait les mêmes ici, on peut vraiment manger comme à la maison. La seule chose qui manque ce sont les bons petits plats de Maman. Mais effectivement, le fromage est ce qui me manque le plus, I need reblochon so badly ! Mais y’a plein de supers compagnies en Amérique du Nord pour la bouffe ou le thé par exemple.
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Enfin bref, vous vous doutez bien que cet article est complètement ironique. Ça me fait toujours très plaisir que vous preniez de mes nouvelles et de vous dire que le froid hivernal est très supportable. Je pense que n’importe quelle personne qui a vécu à l’étranger quelques temps a eu ce type de question et c’est tout à fait normal. Même-moi j’ai dû les poser à Nadège, Emilie ou encore Guigui (coucou les coupains!). On est tous curieux de savoir comment les autres vivent cette expérience au-delà de nos frontières. Je sais qu’on s’attend à ce que les autres vivent des aventures passionnantes tous les jours dans leur nouveau pays… Et puis quand on fait vraiment l’expérience, je peux vous assurer qu’on a des journées banales 90% du temps. En tout cas j’espère que j’ai réussi à faire sourire les expat’ présents, passés voire futurs !
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