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Une baleine à Montréal
Vous vous souvenez quand je vous ai dit qu’on ne voyait pas de baleine à Montréal et qu’il fallait aller à Tadoussac pour en voir ? Et bien c’est pas tout à fait vrai. Une baleine avait été observée en 1901 dans les eaux du Saint Laurent à proximité de la ville et un béluga a séjourné à Montréal quelques temps en 2012… Mais le 29 mai dernier un rorqual à bosses a été aperçu nageant au niveau du Quai de l’horloge !
Comme ça n’arrive qu’une fois dans une vie, vous vous doutez bien que je suis sortie pour aller voir la baleine ! Qui aurait cru que ma vraie première sortie post-confinement aura été de passer des heures sur une berge à regarder une mammifère marin ! Alors je vous propose de vous emmener avec moi dans mes « sorties baleine », qui avoisinent environ 16h d’observation sur trois sorties et plus de 1300 photos (dont 70% de « flou artistiques »). L’occasion pour moi d’essayer mon nouvel objectif 18-250mm et d’apprendre à me servir de mon réflex numérique.
Bref pour commencer l’histoire, commençons par Rémi qui un soir en regardant dans ses story instagram voit une baleine qui saute en dehors de l’eau dans le Vieux-Port de Montréal. Croyant à un prank, on a tout de suite regardé si c’était vrai cette histoire. Ni une, ni deux on décide de se lever tôt le lendemain et de prendre nos réflex pour tenter d’apercevoir le cétacé. Donc imaginez-vous deux glandus à 9h, un 2 juin, pas réveillés qui préparent leur sac pour aller en centre-ville et faire leur première sortie post-confinement. Bon surtout moi la grosse glandue parce que j’avais oublié de charger ma batterie d’appareil la veille. Le temps de partir, de pogner un bus, d’arriver au métro, de sortir du métro et de marcher jusqu’au quai de l’horloge, il devait être comme presque 11h. J’ai été la première à l’apercevoir. Elle était vraiment loin de nous et on a pas trop osé s’approcher car qui il avait beaucoup de monde sur le quai. Puis à midi on s’est dit qu’on allait passer sur la berge d’en face pour être à l’ombre et moins proches d’autres êtres humains (distanciation sphysiiiique!).
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Nous voilà donc repartis en métro pour aller au parc Jean Drapeau, après un bon burger dans l’estomac. Et je peux vous dire qu’il y avait vraiment moins de monde sur l’île Sainte-Hélène par rapport au quai. Bref on est resté vraiment tout l’après-midi observer le roqual qui remontait respirer à la surface. Pour vous dire, on a même essayé de chronométrer le temps que passait l’animal sous l’eau entre deux remontées pour avoir de bonnes photos, mais la durée était beaucoup trop variable.
Il a été très calme toute la journée mais on est quand même resté jusqu’à la tombée de la nuit pour être certains qu’on ne le verrait pas sauter ! Mais loupé, par contre au bout d’un moment le rorqual s’est beaucoup approché de l’île et a remonté le courant. Du coup on a couru sur la berge pour avoir des photos de plus près. C’est Rémi qui a eu la meilleure de la journée.
Au final on est rentré à 21h passées chez nous, Eliott s’est demandé ce qui nous était arrivé. J’étais en PLS à cause des allergies (minute d’argo pour les québécois qui me lise, être en PLS ça veut dire qu’on est vraiment dans le mal. La PLS c’est la position latérale de sécurité qu’on nous apprend en secourisme). Les yeux qui brulaient à mort et j’arrêtais pas d’éternuer. En plus on a quasiment pas bu d’eau de la journée, donc je vous raconte pas l’état dans lequel on était.
Nous sommes retournés voir la baleine (ou Monsieur Baleine comme on l’appelait) le 4 juin avec Rémi et mon amie Justine qui revenait tout juste d’Ontario. Cette fois-ci on était prêt, on avait le stock de bouffe et d’eau. Mais en arrivant sur notre spot, pas de Monsieur Baleine. Alors on regarde sur Twitter et on apprend qu’elle est toujours visible depuis l’île Sainte-Hélène mais elle nage dans le chenal Le Moyne. Alors on essaye de la repérer, mais impossible. Puis on voit des gens attroupés dans un petit coin sous le pont Jacques Cartier. On a voulu aller sur le bout de l’île Notre-Dame ne passant une clôture tels des petits voyous, mais on s’est fait attrapés par la sécurité et on a été gentiment raccompagnés à l’entrée. Du coup on a décidé d’aller au niveau de l’attroupement de gens.
Au départ on était pas tant mais les gens ont commencé à venir, et les mesures de distanciation physiques sont passées à la trappe. Et puis au bout d’un moment j’ai eu un énorme cachalot devant moi, je pouvais plus voir le rorqual. Et oui les gens, sans gène, se mettaient devant nous en arrivant alors qu’on était là depuis un bout. Pour vrai, il y avait beaucoup de photographes pro et moins pro mais en tout cas tous avec des objectifs plus gros les uns que les autres (un vrai concours de quéquettes). Ça nous a vraiment fait penser à ce concours de longue-vue entre Jack Sparrow et Barbossa dans Pirates des Caraïbes.
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On a dû rester facilement 5h assis dans l’herbe à observer le mammifère marin faire du billotage, c’est-à-dire rester en repos à la surface. Donc on est toujours pas sur de la photo de ouf, mais on était content de l’avoir vu.
Enfin je suis retournée voir le rorqual à bosses le 6 juin avec mon amie Alicia. Il était au niveau d’un pont piéton ce qui fait que c’était très facile de l’observer. En plus, on s’est tapé une grosse pluie en arrivant ce qui fait que beaucoup de gens sont partis et on a vraiment pu se rapprocher. Ce sont vraiment mes meilleurs photos. En plus j’avais galéré toute la semaine avec mes réglages sur l’appareil et grâce aux conseils de Mattiren (un copain de l’internet) j’ai pu avoir les réglages adéquats. Merci copain ! La baleine faisait du « flipper-flapping », c’était vraiment impressionnant. On avait l’impression qu’elle nous faisait un petit coucou avec son immense nageoire. J’ai pas réussi à avoir de photo de ça tellement, j’étais fascinée par cet immense animal marin (mais je vous en ai mis une que j’ai récupéré sur Twitter).
Bon pour vous parler de l’animal, c‘était une femelle rorqual à bosses d’environ 2 ans, qui faisait près 10m et de plus de 15 tonnes (beau bébé hein !). On ne sait pas très bien ce qu’elle faisait à Montréal, parce que c’est vraiment loin de son milieu naturel et oui les baleines peuvent survivre jusqu’à plusieurs semaines en eau douce. Mais pourquoi ne pas l’avoir faire rentrer chez elle me direz vous ? Et bien pour deux raisons, si on l’effarouche on risque de lui faire peur et qu’elle fasse une erreur fatale de navigation et fermer la navigation le Saint Laurent pendant tout le temps de la remontée en mobilisant des équipes pour la guider ça aurait coûter au moins 2 millions de dollars.
Malheureusement, comme pour la baleine de 1901, l’histoire de notre bébé rorqual ne se fini pas bien. Alors qu’elle avait décidé de faire demi-tour, elle a dû entrer en collision avec un navire et elle est malheureusement morte. Elle a donc été sortie de l’eau et une nécropsie a été pratiquée par la faculté de vétérinaire de l’Université de Montréal. Bon c’est pas si pire, celle de 1901, les Montréalais l’ont chassée, elle a été plombée comme pas permis la pauvre bête. Bref si vous voulez en apprendre plus sur ce rorqual, je vous invite à consulter la page dédiée sur Baleines en direct (en plus y’a des vidéos où elle saute !)
Pour ma part, j’étais été vraiment émue de suivre l’épopée de ce bébé rorqual et de pouvoir l’observer. C’est vraiment un évènement rare à Montréal et puis on ne voit pas des vraies baleines tous les jours non plus en Haute-Savoie quoi. Je tire mon chapeau aux photographes animaliers pour leur patience de l’extrême, après avoir moi-même expérimenté les heures d’observation. En tout cas, j’espère que cet article vous aura plu 😊
PS : Désolée pour le monsieur que j’ai traité de cachalot. Si vous passez par-là, sachez que la petite nana d’1m50/4’11 » que je suis en a plus qu’assez des grands/imposants qui lui gâchent la vue que ce soit au cinéma, en concert ou en observation de baleine…
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